L'IS, un peu d'histoire

IS-2 : Jusqu'à Berlin !















Il est clair pour les autorités Soviétiques depuis 1942 que le char lourd KV1 solide mais d'une fiabilité pour le moins "aléatoire" doit laisser la place à un nouveau type d'engin de combat.

On présente à la hâte le KV13, une version évoluée du KV1 mais au moins aussi peu fiable !
Sorte de patchwork combinant le train de roulement de celui qu'il est censé remplacer nanti des chenilles du T34 ce char a tout de la catastrophe sur chenilles et, malgré l'urgence du champ de bataille, retourne en atelier pour modifications.

Il refait son apparition avec une mécanique fiabilisée, un blindage plus incliné et une caisse rallongée via un sixième galet de route : Le IS-1 (pour Iosef Staline) est né !

La décision de produire ce char en série est prise, mais on arrête tout à la sortie du 102ème exemplaire, motif : Equipé du même canon de 85mm que le KV1/85, personne ne voit vraiment l'intérêt de la présence de ce nouveau char sur le champ de bataille.

On songe à y installer le canon BS-3 de 100mm mais le Général Petrov opte pour le A-19 de... 122mm !

Fin novembre 1943 les essais sont effectués prés de Moscou et se concluent par la perforation de l'arc frontal d'un Panther capturé, ce qui était parfaitement le but recherché.

On décide alors la mise en production de la version dotée du canon de 122mm sous le vocable d'IS-2.  





Les premiers engins sont engagés lors de la bataille de Korsun-Shevkenkosky, si la mécanique et en particulier le V12 Diesel V2K de 600cv tient le coup le blindage est vulnérable aux pièces antichars Allemandes, ce dernier ayant tendance à se détacher en petits morceaux dans la chambre de combat lors des impacts et ce même si les obus ricochent...


Le canon par contre est trés surprenant...
Il s'agit en fait à l'origine d'une pièce d'artillerie, n'ayant donc pas une grande capacité antichar de par la faible vitesse des projectiles en sortie de tube (780m/s, rien d'extraordinaire face à des pièces Allemandes de 88mm qui dépassent alors les 1000m/s !), de plus les munitions perforantes Soviétiques n'ont jamais été réputées pour la qualité de leur métal...

Pourtant les équipages parviennent à mettre hors de combat des chars Allemands même avec des obus explosifs !
Leur puissance de frappe est telle qu'elle "sonne" les équipages ennemis quand leur char n'est pas proprement "dessoudé" (au sens littérale...) par la violence de l'impact !



Une pièce d'artillerie pour le moins "impressionnante".



Son armement secondaire est composé de 2 mitrailleuses de 7,62mm : Une coaxiale au canon et l'autre dans la nuque de tourelle tirant vers l'arrière pour contrer les manoeuvres de l'infanterie ennemie.
Leur approvisionnement est de 2330 projectiles.


On voit trés bien la mitrailleuse en nuque de tourelle.



Le nombre d'obus embarqués est par contre trés faible : 28...  
A celà plusieurs raisons :
-Le mauvais agencement à l'intérieur du char
-Le conditionnement en 2 parties des munitions (charges militaire plus la cartouche proprement dite) afin de limiter les efforts de l'équipage lors du chargement dans la culasse.
Si la manutention est surement plus confortable on perd du temps et la cadence de tir n'a jamais dépassée les 4 coups/minute !


L'intérieur du char.



Le seul soucis pour les équipages est de parvenir à toucher l'ennemi, car au-delà de 1000m les chances de frapper une cible sont quasi-nulles tant les systémes de visée Soviétiques sont rudimentaires.

la seule chance d'obtenir un quelconque succès est donc de s'approcher, et de ce fait d'être à la merci des 88 Allemands, car si la cuirasse de l'IS-2 est conséquente (120mm en frontal, 90mm en latéral et 100mm pour le masque du canon) elle ne le rend pas pour autant invulnérable !








Dés le printemps 1944 on décide d'améliorer l'engin :

-Nouveau canon de 122mm D-25T à chargement semi-automatique
-Périscope et systémes de visée plus performants
-Mitrailleuse de 12,7mm en superstructure approvisionnée à 945 coups
-Blindage avant plus incliné (60°) par suppression de la trappe d'accès du pilote

Le char est rebaptisé IS-2M.

Tous les IS-2 de première série survivants seront modifiés en IS-2M au fur et à mesure des révisions en ateliers.

Il sera de tous les combats jusqu'à Berlin en mai 1945, où le 122mm nanti d'obus explosifs sera souverain dans la destruction des bâtiments de la capitale du Reich où se retranchaient ses derniers défenseurs.


Une colonne d'IS-2 à Berlin sur fond de Porte de Brandebourg juste après la fin des combats.



L'IS-2 roulait à 37km/h sur route et 20km/h en tout-terrain.
Apte à franchir des pentes à 36° il pesait 46 tonnes et passait des gués de 1,30m de profondeur.





Son équipage était classique avec 4 hommes.

Le fin du conflit ne vit pas les IS-2 partir à la casse car on verra encore des chars de ce type monter la garde à la frontière Chinoise à la fin des années 70 !  
A priori les derniers IS-2M retirés du service le furent en 1982... (Mais ils ne servaient alors plus que de pièces d'artilleries mobiles)

3475 exemplaires fabriqués toutes versions confondues.






L'IS-2 en images : http://www.youtube.com/watch?v=VmEStxyT4HU

 Merci à Jensen pour l'article.