Un peu d'histoire: Le B1Bis
L'histoire de ce char lourd français.
B1 BIS : LE CAUCHEMAR DES ALLEMANDS
Ce char Français qui combattra en mai/juin 40 a une conception qui remonte à… 1921 !
En effet, c’est le général Estienne qui diffuse une fiche-programme à cette date en vue de la mise au point d’un char d’accompagnement d’infanterie équipé d’un canon de 75mm en casemate.
Ce dernier, conçut uniquement en vue de la réduction des points de résistance ennemis (nids de mitrailleuses, bunker…) pourrait être aussi doté d’une tourelle garnie "d’une ou deux mitrailleuses" en vue de nettoyer le terrain alentours.
Des constructeurs aussi disparates que Delaunnay, FCM (Forges et Chantiers de la Méditerrannée), Schneider ou Renault sont contactés.
Il faut attendre 1926 pour se faire une idée du futur engin en prenant le meilleur de chaque prototypes.
C’est Renault qui est chargé de fabriquer le premier exemplaire du char B en acier doux.
Jusqu’en octobre 1931 il est expérimenté à Mourmelon, et sera suivi par la commande de 7 "vrais chars" en mars 1934.
Nous avons maintenant affaire à un engin d’une trentaine de tonnes, bien blindé, mu par un moteur 6 cylindres en ligne Renault d’origine aéronautique développant 307cv et n’acceptant que du carburant du même nom (ce qui posera, 6 ans plus tard, des problèmes logistiques en cascade… )
Son canon de 75mm en casemate vient de l’arsenal de Bourges, il est, pour l’utilisation demandée, largement assez puissant.
Par contre on a pensé qu’il serait "peut-être utile" de doter l’engin d’une capacité anti-chars en garnissant la tourelle APX1 monoplace d’un canon à tir rapide SA34 de 47mm, avec une mitrailleuse de 7.5mm coaxiale.
Le char B1 est donc maintenant une réalité, 13 ans après la fiche programme…
Son look est un peu has been, avec ses chenilles entourant la coque rappelant par là les Tanks Mk4 de la première guerre, bien que son "accroche" sur terrain meuble soit largement supérieure aux chars à chemin de chenilles normaux, les chenilles à godets n’y étant pas non plus étrangères (bien que ces dernières ne supportaient pas de rouler sur des surfaces dures très longtemps, les routes en particulier…)
Son canon de 75, non réglable en débattement latéral, imposait au pilote l’utilisation d’un système hydrostatique Naëder pour faire riper la totalité du blindé en douceur afin de l’aligner sur son objectif…
Il est à noter que ce système ne fut jamais au point et générateur d’ennuis à répétitions.
On décide même de passer une commande royale pour… 35 exemplaires qui ne seront tous livrés qu’en 1936 !
A cette époque, un petit caporal à moustache commence vraiment à s’agiter de l’autre côté du Rhin et les commandes de matériel commencent à s’amplifier…
On en profite pour doter le char B1 de la nouvelle tourelle APX4 équipée de l’anti-char SA35, un canon bien plus crédible dans sa fonction : Voici le B1 Bis !
Cette fois-ci les commandes affluent et environ 370 B1 Bis verront le jour, dont 41 rien qu’en mai 1940.
1939, les chaînes de production tournent à plein régime ! Les Nazis vont voir de quel bois on se chauffe...
En fait cette image est un "Photoshop" d'époque... Pour voir la taille réelle de l'usine vous divisez par 3 en largeur et 3 en profondeur ! Propagande, quand tu nous tiens...
Au final, il est permit de se demander comment ce char d’infanterie s’est-il comporté au combat ? :???:
On va dire très bien ! Et ce malgré de nombreux soucis…
En premier lieu sa vocation première : Nous n’étions plus en 14/18 à avoir besoin d’engins "écrase-barbelés" suivis par des centaines de trouffions, ça l’Etat-Major a fini par le comprendre, mais à la longue !
Ce qui fait que les B1 Bis engagés le furent surtout comme engins de contre-attaques, malheureusement en nombre insuffisant (trop souvent lancés en avant par groupes de 3 ou 4 véhicules) et avec une logistique défaillante (la majorité des chars capturés le seront suite à de simples pannes d’essence)
Saumur
Il est clair aussi que la répartition des tâches dans le B1 Bis était aberrante, jugez-plutôt :
-Un pilote qui faisait, comme je l’ai déjà dit, office de pointeur pour le canon de 75 via un système compliqué et peu fiable. (Le conducteur n’a t-il pas autre chose à faire en situation de guerre ?)
-Un aide-pilote dont la fonction était d’approvisionner le 75 mais aussi le 47 anti-char à la demande…
Le pauvre type se tenait plus ou moins accroupi aux côtés du conducteur, au bout de 20mn de combat il était physiquement à la rue…
-Un Radio-Télégraphiste qui utilisait le poste ER53, un émetteur récepteur qui ne fonctionnait qu’en… Morse !
On a bien essayé l’ER51 en phonie mais le bruit dans le B1 Bis est tel que personne ne comprend rien…
-Mais la meilleure place reste celle du chef de char !
Un véritable homme-orchestre chargé, dans le même temps, de jauger la situation extérieure, commander son char, donner les consignes radio, viser et tirer tant avec l’anti-char de 47mm que la mitrailleuse de 7,5 coaxiale, la tourelle étant monoplace…
Inutile de vous dire que même l’équipage le plus motivé et le mieux entraîné avait quelques soucis une fois en situation de combat.
Cela explique d’ailleurs la présence assez fréquente d’un cinquième homme embarqué dans les B1 Bis : Le mécanicien, censé être attribué à chaque char et chargé d’attendre leur retour à l’échelon régimentaire pour maintenance, sa présence à bord (plus ou moins volontaire d’ailleurs… ) rendait souvent de nombreux services !
Mai 1940, montée au front...
Mais ne nous égarons pas !
Le B1 Bis avait de sacrées qualités, à commencer par celle de son blindage : 60mm en frontal et latéral, 55mm à l’arrière !
La tourelle avait droit à 56mm en frontal et 46 en latéral/arrière.
C’est bien simple, il était immunisé contre toutes les armes anti-chars allemandes du moment, et ce aux distances usuelles de combat !
Seuls le légendaire Flak 88mm et l’obusier de 105mm en tir tendu pouvait arrêter le monstre, et encore ces pièces n’étaient disponibles qu’en très petites quantités dans la Wehrmacht de 1940.
Bien que sa vitesse ne dépassait pas 28km/h (char d’infanterie oblige…) ses capacités en tout-terrain étaient réelles et indiscutables, de même que sa capacité d’emport en munitions : 50 projectiles anti-chars de 47mm, 77 obus de 75mm et 5250 balles de 7,5mm, de quoi voir venir !
Hélas son autonomie, qui ne dépassait pas les 150km, et son utilisation en mode Urgence [on] ne lui permit pas d’asseoir pleinement sa supériorité sur des Panzers allemands contemporains qui, PzIV excepté, n’étaient à côté de lui que de vulgaires boites de conserves !
Le B1 Bis "Rhône". Le 16 mai 1940 il tombe en panne d'essence à Beaumont (Belgique) et son équipage le saborde... Tellement bien que l'incendie déclenché mettra le feu à tout le quartier !
Les allemands en récupéreront environ 160 qu’ils réutiliseront surtout sur le front de l’est en remplaçant le peu utile canon de 75 par un lance-flammes, mais des B1 Bis Feldgrau furent aperçus lors de l’opération Market Garden en Hollande en septembre 1944.
Un Flammenwerfer, avec son lance-flammes monté sur rotule à la place du 75mm.
Quelques exemplaires, "recapturés" par les Français, participeront à la réduction des poches de l’Atlantique jusqu’en mai 1945.
Il y eut bien quelques prototypes de B1 Ter, équipés d'un blindage latéral incliné et d'un 75mm capable d'être orienté de 10° de chaque cotés et permettant donc de s'affranchir du désastreux système Naëder, mais l'armistice de juin 40 en empêcha la mise en production.
Ce char a été touché à la chenille gauche par un tir allemand alors qu'il se repliait le 16 mai 1940.
Mais dans notre pays "tout est bien qui finit bien", et ce B1bis retourne du "bon côté" avec les FFI en août 1944!
Comme il est de coutume avec moi, on se quitte sur une vidéo de l'un des deux B1 Bis du musée des blindés de Saumur :
http://www.youtube.com/watch?v=VuLb-CUjYis
Merci Jensen pour l'article.
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