Un peu d'histoire: Le STURMGESCHUTZ III
Continuons notre tour historique.
STURMGESCHUTZ III : Un char pour l'artillerie !
Celui-là, il y en a pas mal parmi vous qui l'attendait dans ces colonnes, voici chose faite !
C'est en 1935 qu'est lancée l'idée d'un engin blindé de support d'infanterie...
En clair il s'agissait de concevoir un char doté d'une pièce d'artillerie d'au moins 75mm pouvant avoir un débattement tant horizontal que vertical d'au moins 30°.
Une chose aussi à laquelle on tiens à ce moment-là : La hauteur de l'engin ne doit pas dépasser celle d'un homme debout, grosso-modo 1,80m quoi !
Il est clair qu'avec une hauteur aussi faible il n'est pas question d'installer une tourelle sur cet engin.
D'une part celà coùte cher en terme de fabrication et d'autre part cet engin a pour vocation initiale de réduire au silence des installations fixes (nids de mitrailleuses, blockhaus...) empêchant la progression de l'infanterie amie, une tourelle n'est donc en aucun cas indispensable...
Le 15 juin 1936 la firme Daimler-Benz est retenue pour la fabrication du véhicule, secondée par Krupp pour la mise au point du canon.
La base tant du point de vue chassis que mécanique provient du récent Panzer PzIII et le prototype de ce qui deviendra bientôt le légendaire "Sturmgeschütz" (canon d'assaut) est présenté par la firme sous-traitante Alkett en 1937.
Nous sommes devant un engin surmonté d'une casemate autorisant un débattement latéral de la pièce d'artillerie de 12° (les 30° prévus n'ont donc pas été réalisés), motorisée par un V12 à essence Maybach HL120TR de 250cv associé à une boite de vitesse à présélecteur Variorex SRG328 dotée de 10 rapports avant et 1 arrière.
Ses réservoirs de 310 litres lui autorisent une autonomie de 150km sur route et d'un peu moins de 100km en terrains variés.
Le canon est un 75mm Stuk.37 de 24 calibres de longueur approvisionné à 44 obus.
Cette pièce est plutôt du genre "lance-patates" avec ses obus explosifs tirés à la vitesse de 385m/s en sortie de tube...
Il n'y a pas d'armement secondaire.
Sa longueur est de 5,38m, sa largeur de 2,92m et sa hauteur de 1,95m (plus élevée que dans le cahier des charges donc...)
Il pése 19,5 tonnes et roule à 40km/h sur route et 24km/h en tout-terrain tout en grimpant des pentes de 30°.
La suspension est à barres de torsion.
Il franchit des tranchés de 2,30m, des gués de 0,80m et un obstacle vertical de 0,60m.
Le blindage peut être considéré comme très convenable pour l'époque avec 50mm d'acier laminé (soudé ou boulonné suivant les endroits) en frontal et 30mm en latéral.
L'équipage est de 4 hommes : Pilote, tireur, radio-chargeur et chef d'engin.
Vous noterez sur cette photo que la place est pour le moins comptée dans un char !
Mieux valait en effet ne pas recruter de claustrophobes...
Le char précédemment décrit, baptisé Sturmgeschütz III ausf.A, est mis en production à partir de janvier 1940.
Le tout premier d'une interminable lignée...
Alkett n'en fabriquera que 30 jusqu'en mai.
Tous seront envoyés sur le front Ouest et participeront à la bataille de France.
Un véhicule sera touché latéralement par un obus perforant de 25mm Français, 2 membres de l'équipage seront tués.
Dès juin 1940 une version dite Ausf.B prend sa place sur les chaînes de montage, elle se caractérise par les points suivants :
-Moteur Maybach HL120TRM de 300cv et boite de vitesse mécanique synchronisée ZF SSG77 Aphon à 6 rapports avant et 1 arrière, la boite Variorex n'ayant pas donnée satisfaction, en particulier à cause d'un étagement des vitesses beaucoup trop long (les 3 derniers rapports ne servaient à rien...)
-Chenilles plus larges de 4cm
-Nouveaux barbotins
320 engins seront fabriqués jusqu'en mai 1941.
Une version Ausf.C lui succède à cette date, elle consiste en un frontal de casemate redessiné pour améliorer la résistance aux impacts, quand au tireur il troque ses optiques de tir pour un périscope.
50 exemplaires fabriqués jusqu'en septembre...
Le Stug.III est employé à cette date sur le front de l'Est où il fait véritablement merveille dans la "réduction au silence" des points fortifiés ennemis.
Un obus à charge creuse est disponible pour ce canon mais ses capacités sont très limités, de plus la portée pratique d'un tube aussi court ne dépasse guère les 600 mètres.
Malgré un faible nombre d'engins en service, la tactique "d'attaque en meute" (un peu semblable à celle des fameux U-Boote...) répétée des dizaines de fois à l'entraînement est d'une rare efficacité sur le terrain.
La version Ausf.D, produite à 150 exemplaires en même temps que la précédente, ne s'en distingue que par un aménagement intérieur différent.
Front de l'Est, 1942.
Le modèle Ausf.E est une réponse aux demandes des équipages, en particulier par le rajout d'une mitrailleuse MG34 en superstructure approvisionnée à 600 coups.
Même si cette dernière oblige le radio-chargeur à sortir sans la moindre protection pour l'actionner...
On note aussi l'adjonction de paniers de rangement extérieurs blindés à 9mm.
272 engins produits de septembre 1941 à mars 1942.
Il est à cette époque évident que le canon court de 75mm n'a plus de grande valeur au combat, et c'est pourquoi l'Etat-Major Allemand exige l'installation d'un tube de 75mm long Rheinmetall Stuk.40L/43 à plus grande vitesse initiale.
Cette dernière passe de 385m/s à 740m/s ! Pas loin du double...
Il est monté sur la version Ausf.F qui sera produite de mars à décembre 1942 à 360 exemplaires.
Cette version sera aussi plus haute (2,15m) par le rajout d'un ventilateur d'évacuation des fumées de tir plus puissant et mieux blindée avec la soudure d'une plaque d'acier de 30mm sur l'arc frontal du char.
Il est maintenant clair que le Sturmgeschütz passe du "support d'artillerie à possibilité antichar" au "véhicule à vocation antichar pouvant éventuellement soutenir l'infanterie" !
Les 30 derniers engins produits seront dotés d'un canon encore plus long donnant une vitesse initiale à l'obus de 750m/s.
Ses projectiles antichars peuvent percer 85mm d'acier à 1000m, contre 81mm avec le canon précédent.
La version Ausf.F8 qui sera construite de septembre à décembre 1942 à 334 exemplaires se distingue par son chassis plus long issu des PzIII Ausf.J.
la longueur passe à 6,77m, son poids à 23,4 tonnes et la mitrailleuse de 7,92mm bénéficie enfin d'un bouclier de protection pour le servant.
Le F8 sera le premier Stug.III à disposer de Schürzen de protection latérales, les balles antichars de 14,5mm des fusils Russes ayant fait déjà pas mal de dégâts dans les rangs Allemands...
Les fameuses Schürtzen, le premier impact voire la première bosse négociée un peu vite avait vite fait de les malmener...
Mais ce sera la version Ausf.G qui fera la renommée de cet engin.
Sa production débute en décembre 1942.
Il est reconnaissable à sa coupole à 7 épiscopes pour le chef de char, ses flancs verticaux et plus larges augmentent le volume utile intérieur et permettent l'emport de 54 obus au lieu de 40.
Les commandes pleuvent et Alkett ne peut plus suivre...
Les établissements MAN (Maschinenfabrik Augsburg-Nürnberg) et MIA (Mülhenbau und Industrie AG) vont sous-traiter la construction des engins.
Le poids du Stug.G approche maintenant les 24 tonnes.
Dès février 1944 on note une grosse modification extérieure sur les Sturmgeschütz, à savoir la mise en place d'un mantelet de canon profilé destiné à faire ricocher les projectiles adverses.
Il sera surnommé "Saukopf" (tête de cochon) par la troupe et est devenu au fil du temps sa dénomination quasi-officielle !
Le mantelet "Saukopf", on note aussi que le char est recouvert de Zimmerit, une résine anti-magnétique.
En juin 1944 ce dernier est retouché pour permettre l'installation d'une MG34 coaxiale.
Un mois auparavant un dispositif de télécommande permettait la mise en action de la pièce en superstructure sans que le tireur ne s'expose.
En plus de ses nombreuses fonction le Stug' pouvait aussi servir d'autobus à l'occasion !
Ici en Normandie en juin 1944.
La production se poursuivra jusqu'en mars 1945, le char évoluant par petites touches au gré des pénuries de matières premières, en particulier les bandages en caoutchouc qui seront supprimés des galets retours à la fin du conflit...
La version Ausf.G sera produite à 7720 exemplaires au total.
Ambiance "fin de règne" pour cet Ausf.G retraitant en Hollande à l'automne 1944.
L'engin porte les traces de nombreux engagements : garde-boue arraché, galets de roulement manquants...
Et l'équipage n'a plus l'air très "conquérant" !
(Photo archives Caraktère)
Le Stug.III sera employé en priorité par l'Allemagne bien sur, mais la Roumanie l'Espagne ou l'Italie en toucheront quelques dizaines.
On le trouvera sur absolument tous les théatres d'opération : France, Balkans, Italie, front de l'Est.
Front Italien.
Nord de la France, 1943
Allemagne, 1945.
stug3 14
Il n'y a qu'en Afrique du Nord où le Stug.III sera peu présent, n'étant envoyé là-bas qu'à une petite dizaine d'exemplaires capturés par les anglais en mai 1943.
On ne sait pas grand'chose de leur activité sur ce continent.
L'une des rares (et peut-être la seule) photo d'un Stug.III Ausf.D en Afrique.
C'est la Finlande qui se fera le plus remarquer avec ces chars.
Bien que n'en possédant que 59, les tankistes Finlandais sauront en tirer la quintessence face à l'Armée Rouge.
A la fin du conflit, seuls 8 de leurs engins furent perdus, surtout par fait de sabordage d'ailleurs...
Un exemplaire Finlandais.
Cette nation continuera d'utiliser ses Stug' jusqu'au début des années 60 !
Seule la Syrie, qui achètera plusieurs dizaines d'exemplaires récupérés et reconditionnés par la France, les utilisera plus longtemps : On en croisait encore en juin 1967 lors de la guerre des 6 jours !
Un exemplaire Syrien exposé dans un musée Israëlien.
On distingue ici très bien le fameux mantelet "Saukopf".
Le STURMHAUBITZE III
Afin de retrouver une capacité en feu d'artillerie que le Stug' était totalement en train de perdre au profit de la lutte antichar on greffe sur l'engin un canon de 105mm Stuh 42 L/28 à tir courbe.
Les munitions étant plus grosses l'emport ne dépasse pas les 36 obus.
Bien que considéré comme canon d'assaut d'infanterie il peut tirer l'obus à charge creuse GR39 capable de percer 100mm de blindage, mais le tir reste courbe, alors pour les chances de toucher un char ennemi...
C'est Alkett qui en assurera la fabrication entre décembre 1942 et mars 1945 à raison de 1299 unités.
Les derniers exemplaires, à cause de pénuries diverses et afin de simplifier le processus de fabrication, seront dépourvus de frein de bouche sur le canon ce qui aura pour corollaire de faire encaisser le recul de la pièce uniquement par le chassis !
Le Sturmhaubitze de Saumur.
LES MUNITIONS EMBARQUEES
Les Sturmgeschütz ont emportés dans leurs flancs 3 types d'obus :
-Perforants antichars
Tirés par le 75mm court des premières versions à la "vitesse" de 385m/s les obus Granatpatrone rot panzer n'étaient pas d'une très grande efficacité et leur remplacement par les obus Panzergranatpatrone tirés par le canon de 75mm Long à la vitesse de 740m/s changeront complètement les performances du Stug' en termes de capacités antichars.
Ce projectile était doté d'une coiffe de pénétration et d'une charge explosive.
Sa portée réelle avec de grandes chances de coups au but était d'au moins 1000m.
On verra apparaître ensuite le Panzergranatpatrone 40HK, un perforant à noyau en carbure de Tungstène.
Très rapide (pas loin de 1000m/s !) il n'a malgré tout jamais été réputé pour sa précision, à peine meilleure que celle du précédent...
Chaque tir usait énormément le canon et le manque de Tungstène au fil des évènements en feront une munition assez peu utilisée.
-Charge creuse
On voit apparaître ce type de munition dans l'inventaire Allemand vers le milieu de l'année 1940.
Si ce type de munition (Hohlgranate en allemand) n'a pas besoin d'une grande vitesse initiale elle n'est très efficace que tirée par un canon à âme lisse car le dard de métal en fusion se génère mal si l'obus est en rotation, c'est un phénomène physique.
Or, tous les canons du Stug' sont à âme rayée...
Même si la faible vitesse initiale des obus laisse à la charge creuse un minimum d'efficacité son fonctionnement sera toujours assez aléatoire sur ce type de char et de toute façon la portée opérationnelle de cette munition n'a jamais dépassée les 600/700 mètres "gros max".
-Obus explosifs
Le type même d'obus que devait initialement tirer le Sturmgeschütz : Une charge puissante d'explosif pour détruire par effet de souffle accompagnée d'une fragmentation de billes d'acier générant de mortels éclats dans un rayon non négligeable.
Ces munitions, très efficaces dans la lutte contre des infrastructures fixes ou des "cibles molles" (personnel, engins non blindés...) pouvaient être également utiles dans l'action antichar, non par perforation car ce type d'obus en est incapable, mais plutôt par l'effet de choc sur le blindage ou par la destruction des éléments de roulement de l'engin lors de l'explosion.
La portée pratique de ces obus en tir direct pouvait dépasser dans de bonnes conditions (pas de vent défavorable) les 3300m.
Même dépassant les 2 mètres de haut, sa silhouette très ramassée lui donnait un gros avantage dans la guerre d'embuscade.
Musée de Saumur.
C'est ainsi que se termine l'histoire d'un char aujourd'hui entré dans la légende...
Pas du tout un char de combat, pas vraiment un automoteur d'artillerie non plus ni même un chasseur de chars au sens strict du terme le Sturmgeschütz III, utilisé dans toutes les configurations et à toutes les sauces, saura se rendre absolument indispensable dans les rangs de l'armée Allemande jusqu'au dernier jour de la guerre.
Le nombre d'exemplaires produits dépassera les 10500 toutes versions confondues !
Son seul descendant "naturel" sera à ma connaissance l'étrange, "Ovniesque" et atypique Stridsvagn S103 Suédois !
Il arrive parfois de faire encore quelques "découvertes" dans les forêts de Finlande...
Ici l'épave d'un Ausf.G
On se quitte en images...
Le "canon court" en action sur le front de l'Est : http://www.youtube.com/watch?v=-hIhK9X1mPY
Bovington Tankfest 2009 : http://www.youtube.com/watch?v=fh8Xwp4laKQ&feature=related
Merci Jensen.
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