Un peu d'histoire: Le camouflage
Changeons un peu de theme et découvrons ces peintures de guerre.
DOSSIER : LES DIFFERENTES FORMES DE CAMOUFLAGES.
Définition :Le camouflage représente l'ensemble des mesures adoptées pour rendre plus difficile le repérage des matériels par l'ennemi.
Il existe 4 types de camouflages :
Par occultation : Cacher le véhicule, c'est tout simple et surtout efficace !
Une grange trouvée au hasard, une butée de terre levée par des engins du Génie voire, pour reprendre certains projets de l'ex-Pacte de Varsovie et même Français, immerger dans le lit des fleuves et rivières des Divisions blindées entières dans l'attente d'un tir nucléaire du camp d'en face et de repartir au combat ensuite.
Par camouflage proprement dit : En recouvrant l'engin de matériaux divers, de filets imitant la végétation, de feuillages ou de bandes de couleurs "cassant" à l'ennemi la forme de ce dernier car n'oublions pas que l'oeil est attiré non seulement par ce qui bouge, mais aussi par les formes géométriques.
Le feuillage peut-être artificiel ou naturel, mais dans ce cas il est impératif de le changer souvent car la végétation jaunit trés vite une fois coupée et le char devient repérable dans le paysage !
L'équipage de ce T72 Finlandais doit le savoir...
Bien planqué ce K1...
Certains filets ont de nos jours des propriétés anti infra-rouge et "filtrent" donc la chaleur émise par le char, empêchant le repérage.
Les couleurs peuvent être à base de peinture, de boue, de poussière...
Dès la première guerre le camouflage devient impératif, fini les pantalons rouge garance et les casques de cavaliers bien astiqués !
Ce Renault FT17 porte un camouflage bien "Français" dans son application : 2 tons de marrons et 1 ton de vert, le tout séparé par des liserés noirs.
On verra un shéma identique sur les chars d'infanterie Français de la campagne de 1940.
L'épave de ce char Schneider français montre bien les premières applications de camouflage sur des engins blindés
Les Anglais, mais aussi les Allemands avec les A7V, avaient fait de nombreux essais de peintures, certains aux motifs géométriques, d'autres unis etc etc...
Mais les protagonistes se rendirent vite à l'évidence que le champ de bataille se chargeait lui-même de "redécorer" les engins par de multiples couches de boue !
Les derniers chars anglais construits lors du premier conflit mondial seront... Verts, tout simplement !
Excellent travail de reconstitution de camouflage : Voilà comment se présentaient les A7V allemands en octobre 1918 !
Pratiquement 1 camouflage différent par engin...
Design "Téodor"
Durant les années folles les choses n'évoluent guère...
-la France reste fidèle au camouflage 3 ou 4 tons.
-La Grande-Bretagne au vert/kaki uni, parfois avec des bandes noires.
Mais durant les années 30 les choses évoluent, un nouveau conflit devenant hélas envisageable :
-L'Allemagne reste de 1932 à 1939 dans le "2/3 gris 1/3 marron foncé", mais en 1939 le "Dunkelgrau" (gris foncé) est imposé car mélangé à la poussière naturelle le mimétisme avec la nature était très satisfaisant.
PzIII en livrée Dunkelgrau.
Du moins jusqu'en 1941 où les panzers seront envoyés dans le désert ou bien devront affronter le terrible hiver Russe...
C'est donc à cette période qu'apparaissent tant la nouvelle peinture "Gelbbraun" (marron-jaune) sur laquelle on pouvait mettre des taches vertes ou grises et la peinture lavable "Weiss" (blanche) à poser sur le gris d'origine en hiver.
Tigre 1 sur le front de l'est, la peinture blanche soluble a été rajoutée à la hâte, il n'y avait aucun schéma réglementaire pour son application, les équipages faisaient "au mieux".
Le fond est maintenant jaunâtre, les équipages (parfois sur instruction régimentaire) rajoutent alors des bandes/tâches/zébrures vertes ou marron...
Nous sommes ici dans un musée, mais dans la réalité le "design" était bien moins soigné !
Dès février 1943 une nouvelle directive impose le "Dunkelgelb" (jaune sombre) de construction sur lequel on peut appliquer le "Rotbraun" (brun-rouge) et "l'Olivegrün" (vert-olive).
La peinture unie Dunkelgelb telle que le char la portait en sortant d'usine, elle virait souvent au rosâtre en séchant !
La peinture était fournie aux équipages en seaux de pâte soluble dans de l'huile ou de l'essence sur le terrain, mais comme de tels produits manquaient la pâte était mélangée avec de l'eau, de l'huile de vidange, de la boue... Avec le résultat qu'on imagine !
D'autant que si certains "l'appliquaient avec application" (parfois même avec un pistolet à peinture s'il était disponible et si le front était loin) d'autres "jetaient" littéralement dans l'urgence la solution voire la pâte "brute de livraison" sur le blindé et l'étalaient avec des brosses, des balais voire des serpillères !
La France se base sur 4 couleurs réglementaires et laisse plus ou moins le choix de leur application aux Régiments, mais de nombreux essais vont se faire dans l'immédiat avant-guerre :
Comme cet essai de camouflage "verger" à base de flocage, si si !
Il s'agissait de fibres textiles collées sur le char, imitant des arbres à la perfection.
Le seul souci étant l'état du véhicule après une bonne séance de tout-terrain !
Quand au flocage, le raclement de la végétation lors de la progression du char avait vite fait de "régler le problème"...
Cette AMR 33 de reconnaissance reste dans 2 tons sobres.
2 tons simples aussi pour cet Hotchkiss
Plus de recherche pour ce B1bis, d'ailleurs les 370 chars construits avaient des camouflages très différents les uns des autres !
Certains étaient beaucoup plus criards, comme cette peinture "muraille".
On retrouve un peu sur ce Somua S35 les traditions de la "Der des Ders", avec le liseré noir de séparation des couleurs.
L'URSS sortait ses chars en "vert foncé uni" et son état-major ne donnait que rarement des consignes d'application de camouflage.
Dans la réalité la couleur n'était pas du tout uniforme car chaque usine avait son propre stock et ses propres fournisseurs, et celà variait en fait du "vert pastel" au "presque noir" !
Le camouflage était laissé à l'initiative des chefs d'unité et, parfois, des équipages...
En hiver on pouvait voir certains T34 arborer un beau camouflage d'hiver avec des sortes de "bandes" sur les superstructures : Des "traces de chenilles" pour leurrer les avions d'attaque allemands !
Tous les chars Soviétiques étaient de cette couleur, plus ou moins claire...
La bande blanche permet une reconnaissance aérienne ami/ennemi rapide et évite les dommages collatéraux.
La Grande-Bretagne restera longtemps fidèle au vert uni en Europe, parfois composé "d'oreilles de Mickey", de larges taches noires de formes arrondies.
Sur certains terrains extérieurs cette nation fera preuve de plus d'initiative comme l'ajout massif de gris-bleu dans le désert : TRES efficace car "cassant" complètement la silhouette du véhicule en pleine lumière !
Un Matilda 2 opérant dans le désert, un camouflage très populaire chez les maquettistes de nos jours !
Par contre ce Valentine restera des plus sobres...
Lors du siège de Malte des équipages firent tout de même preuve d'un bon sens du mimétisme avec leur environnement, mais celà restera assez rare...
Les USA suivront les anglais dans la sobriété bien que fin 1942 pas moins de 12 couleurs étaient "homologuées" avec forces schémas d'application (la peinture des chars revenait aux unités du Génie).
Tout le monde connait le fameux "Olive Drab", un vert olive grisâtre...
La seule chose que les équipages camouflaient étaient les grandes étoiles blanches de nationalité, qui étaient autant de points à viser pour les tankistes Allemands, et les M4 Sherman n'étaient pas les mieux protégés du champ de bataille, loin de là !
Malgré tout on verra apparaître en fin de conflit sur le front Européen des blindés US avec une peinture Olive Drab recouverte en partie par des bandes marrons ou noires, mais les tons restaient très peu contrastés et ressortent toujours très mal sur les photos noir et blanc d'époque.
Par contre l'US Marines Corps sera bien plus utilisateur de peintures de camouflages pour ses blindés partis à la reconquête des îles du Pacifique.
Je termine avec l'Italie qui, bien que nation secondaire dans les combats du dernier conflit mondial, s'est toujours distinguée par la qualité des peintures de camouflage appliquées sur ses blindés et ses avions, en voici quelques unes just for fun.
Superbe chenillette !
Lancia Lince, "copié-collé" de Daimler Britannique.
Les 2 tons de couleurs correspondent bien aux paysages du sud de l'Italie.
Cet Ansaldo P40 est un des rares chars de ma connaissance à être peint avec du rouge pour son camouflage...
Des Tigre 2 Allemands sortiront ainsi revêtus faute de peinture en mars 1945, le rouge n'étant rien d'autre que... L'antirouille !
Shéma étudié pour le milieu désertique, imitant les touffes d'herbe que l'on peut trouver en milieu aride.
De nos jours les peintures ont beaucoup évoluées, certaines ont même des propriètés antimagnétiques (pour éviter les mines du même nom, de plus en plus rares au demeurant), antiradar ("absorbant" les ondes électromagnétiques et rendant le char "furtif" ) ou aptes à refléter voire conserver le rayonnement Infrarouge, ce qui a pour effet de "casser" la ligne du char au travers des systémes de visées à imagerie thermique...
Après-guerre la France est restée très longtemps fidèle au "vert armée" uni.
Sur le terrain le char était camouflé par les équipages avec de la boue voire de la peinture soluble.
Suivant le temps disponible pour le faire et les goûts des équipages le résultat pouvait être superbe ou... Abominable !
A la fin des années 70 notre pays se dote de la FAR (Force d'Action rapide), composée de plusieurs régiments aptes à intervenir sur un théatre d'opération donné au plus vite.
Ils se distinguent des autres régiments par le camouflage de type "OTAN" de leurs véhicules : Vert, marron et noir.
Tous les régiments Français passeront à ce type de camouflage à la fin des années 80.
On reconnait les véhicules Français à leur vert plus clair que dans les autres pays.
A titre comparatif voici le vert d'un Leopard 2 Allemand, plus foncé.
On trouve aussi des camouflages spécifiques à la géographie locale.
Leopard 2 Grecs. Bien que partie intégrante de l'OTAN cette nation possède un autre schéma de camouflage, plus en phase avec son environnement.
Personne ne s'offusquera d'apprendre que les jaunes et les bruns ont les faveurs des nations désertiques ou ayant à y intervenir...
Camouflage "sable et chocolat" pour cet AMX30 Français lors de la première guerre du golfe en janvier 1991.
Le filet placé à l'avant "casse" encore un peu plus la forme du char.
La discrétion du véhicule par rapport à l'environnement est ici bien mise en évidence.
Ici un T72...
je crois que ce char a connu et connaîtra encore tous les types de camouflages présents, passés et à venir !
Ce Panhard VCR Mexicain arbore une nouvelle forme de camouflage, dite "Pixel" !
Ce schéma est parfaitement applicable avec d'autres couleurs.
Les pays à fortes variations saisonnières utilisent toujours les vieilles recettes des camouflages hivernaux provisoires et donc décapables.
Ce Type 90 japonais arbore un camouflage hivernal du plus bel effet, avec ces cercles blancs apposés au pochoir.
Ces CV90 Suédois sont peints en plusieurs tons de gris, une nuance parfaite pour les paysages montagneux et peu végétalisés.
On peut aussi utiliser de telles teintes en milieu urbain : C'est souverain au milieu du gris des barres d'immeubles !
Cette application aux formes géométriques imbriquées est surnommée "Tétris".
Pour le maintient de l'ordre les Polices du monde entier adoptent de plus en plus un camouflage à base de bleus et de gris !
Trés efficace en ville paraît-il...
Ici un Panhard VBL de la police Koweïtienne.
Exemple typique de camouflage à usage spécifique : Nous sommes à Berlin-Ouest au printemps 1989.
Ces chars Chieftain britanniques défilent avec un camouflage parfaitement adapté à la guerre qu'ils auraient du mener : Urbaine !
Les plaques de peinture blanche simulent les raies de lumières entre les immeubles : Ruelles, croisements, allées piétonnières etc etc...
Par masquage : Disposer de moyens artificiels pour "disparaître" à la vue de l'ennemi : Fumigènes, leurres thermiques, leurres laser etc etc...
Non non, ce M113 n'a pas de problèmes moteur, il s'agit d'une version spécifique chargée de fabriquer un véritable rideau de fumée.
En fonction des conditions météo, un tel "brouillard" pouvait rester efficace 3 minutes, largement de quoi se déployer derrière !
Plus classique ce PT91 Twardy Polonais avec une injection de Gas-oil dans les échappements.
Spectaculaire tir de leurres thermiques pour ce Merkava Israëlien : Ils ont plusieurs avantages en produisant une fumée opaque qui masque le char aux tireurs adverses, une forte chaleur (les leurres brulent avec un mélange à base de magnésium) qui déroutent les capteurs infrarouges des systèmes adverses (la chaleur naturelle du char étant totalement "occultée" par la chaleur des leurres) et une lumière intense qui aveugle certains systèmes de tirs adverses.
Un peu dans le même genre mais plus moderne avec ce K1 Sud-Coréen qui, comme notre Leclerc, envoie des leurres à la composition inédite : De la poudre d'or et pas mal d'autres métaux pour leurrer les Lasers des télémètres ennemis, les rayons étant déviés.
Par transformation : En modifiant l'apparence proprement dite de l'engin en le faisant passer pour un autre : Faux canon, fausse cabine de camion sur un blindé de transport par exemple.
Ce Sherman de commandement non armé était doté d'un canon factice en bois afin de ne pas éveiller l'attention de l'ennemi quand à sa fonction pour le moins stratégique sur le champ de bataille.
Celà ne suffisait pas toujours à empêcher sa destruction...
On pourrait aussi arguer que le "canon" représentait pour le camp adverse une menace qu'il fallait mettre hors d'état de nuire au plus vite.
Bref ce genre de transformation n'était pas toujours une bonne idée !
Une "transformation" qui n'en est pas vraiment une, mais elle vaut le coup d'être montrée :
Les Britanniques mettent au point leur fameux canon de 17 pounders sur une tourelle de Sherman, c'est à ce moment de la guerre le seul canon allié capable de "percer" tous les chars Allemands !
Inutile de vous dire que pour ces derniers les Sherman "Firefly" sont des cibles ultra-prioritaires !
Et comme le blindage est toujours aussi minable...
Pour ne pas être repérés les équipages de "Firefly" cherchent à masquer l'apparence de leur canon, plus long que celui des Sherman "normaux".
On garde le tube en Olive drab jusqu'à mi-longueur et on "casse" sa forme ensuite avec de la peinture !
Dans l'enfer des combats il y a de grandes chances que les Allemands se fassent duper...
Certains équipages mettaient même un faux frein de bouche à la longueur donnée du tube classique, efficace !
Et l'avenir ?
Les blindés n'ont pas encore dits leur dernier mot, leur camouflage non plus d'ailleurs !
J'en veux pour preuve cette étude récente effectuée sur un CV90 Anglo-Suédois qui arbore un prototype de camouflage infrarouge adaptatif.
Le char est revêtu de plusieurs dizaines de plaques hexagonales qui font office de blindage mais pas seulement !
En fait elles peuvent être chauffées ou refroidies à l'aide de semi-conducteurs afin de fondre le char dans le paysage qui l'entoure et le rendre ainsi INVISIBLE aux systèmes de reconnaissance thermiques et surtout aux auto-directeurs infrarouges des missiles lancés contre lui !
Les plaques vues de près.
Pour ce faire plusieurs caméras thermiques sont embarquées sur le blindé et analysent en permanence la "température environnementale", le tout étant relié à un calculateur intégré il suffit donc à l'équipage d'appuyer sur un bouton pour que le char se "fonde" littéralement dans l'ambiance thermique du paysage.
Un autre projet, encore plus ambitieux, serait de faire apparaître des images correspondantes au paysage traversé directement sur le véhicule, et ce en plus du camouflage thermique précédent !
Ce n'est encore qu'un projet, mais sa mise au point avance...
Le char ainsi équipé serait doté d'une véritable "cape d'invisibilité", tant à l'oeil humain qu'aux systèmes de détections électroniques !
Merci jensen.
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