Un peu d'histoire: Le M26 Pershing

M26 Pershing : Il était temps !  





















C'est en mai 1942 que les services Américains donnent leur accord à l'élaboration d'un "perfectionnement" au char moyen M4 Sherman (page 27) tout juste mis en service, surtout devant l'insistance des officiers de terrain qui font trés vite remonter les faiblesses récurrentes de ce dernier et réclament la mise en service d'un char mieux armé et doté d'un blindage plus efficace.

Il s'agissait surtout d'une sorte de Challenge afin de réaliser plusieurs tests comparatifs sur le futur du char Américain, le grand Etat-Major ayant décidé une bonne fois pour toute que la guerre se gagnerait de toute façon avec le Sherman...

De nombreux démonstrateurs verront le jour, et ce avec des moteurs, transmissions, suspensions ou armements différents.
On ne retiendra d'ailleurs que les T25 et T26, le premier avec une transmission électrique et le second avec un convertisseur de couple hydraulique.

C'est le T26, plus simple, qui emporte le marché en 1944, l'Etat-Major ayant fini par penser que le Sherman avait peut-être "fait son temps" et que le concept de chasseurs de chars alors à la mode aux USA n'était sans doute pas le bon.


Il s'agit, à cette époque, d'un char lourd.

42 tonnes, une tourelle en acier coulé sur une coque en acier laminé et soudé.
Le blindage oscille entre 13 et 114mm suivant les endroits, ce qui pour le moment peut être considéré comme convenable.
Le plancher hérite du chiffre le plus modeste et le mantelet du canon du plus imposant, le reste du véhicule oscillant entre 51mm pour l'arrière et les flancs, 76mm pour les côtés de tourelle et même 102mm pour le glacis.






Le canon est un 90mm M3 qui, comme le fameux 88mm Allemand, a lui aussi des origines anti-aériennes.
Ce tube est apte à tirer le projectile AP M77 qui perce 107mm d'acier sous 30° d'inclinaison.

La suspension est à barres de torsion avec un couple de chenilles de 61cm de large, un progrés indiscutable par rapport au M4.





Hélas la mécanique n'est pas à la hauteur, on se contente de reprendre le V8 Ford GAA de 500cv du M4A3 accouplé à une boite "Torquematic" à 3 rapports avant et 1 arrière (ni plus ni moins qu'une simple boite automatique).
Déjà à la peine dans un M4 d'une trentaine de tonnes, le moteur ne fera pas de miracles ici, d'autant que la boite est tout à fait dans la norme des automatiques de l'époque, c'est à dire trés "glissante" dans le passage des rapports et les accélérations.
Autant dire que le T26, rebaptisé M26 pour la série, est un gros veau !

Vitesse maxi : 40km/h sur route et encore, avec beaucoup d'élan !
En tout-terrain il ne dépassera jamais les 20km/h.





Il franchit des tranchées ouvertes de 2,45m, un obstacle vertical de 1,17m et un gué de 1,20m (il n'est pas amphibie)

Le M26 peut grimper (sans se presser...) des côtes de 60%.

Son réservoir de 832 litres lui autorise une autonomie sur route de 160km.

L'équipage se compose de 5 hommes : Pilote, Chef de char, chargeur, tireur et radio-mitrailleur.

Le canon est approvisionné à 70 coups.
On trouve aussi une mitrailleuse coaxiale de 7,62mm et une autre de même calibre montée sur rotule dans le glacis avant et servie par le radio (5000 coups au total).
Sur le toit la fameuse calibre.50 (12,7mm) est montée en anti-aérienne, approvisionnée à 550 coups.






Les 20 premiers exemplaires sont envoyés en Europe en janvier 1945 avec la mission Zebra (en clair une campagne d'évaluation du matériel).
Les combats commencent en février.
Il est clair que les USA disposent enfin d'un char de combat digne de ce nom, le M26 (rebaptisé Pershing pour l'occasion) surclasse le PzIV et tient tête aux Panther Allemands.
Pour le Tigre 1 c'est plus compliqué mais ça reste encore convenable à moyenne et courte distance.

Par contre le char américain restera inférieur au Tigre 2, au demeurant à peine plus véloce que lui mais au blindage toujours aussi imposant.

Il faudra l'envoi de 2 M26A1E2 "Super Pershing" équipés d'un 90mm T15E1 tirant des obus à tête de tungstène à 1173m/s pour en détruire un dans les tous derniers instants du conflit.
Seuls 25 exemplaires de cette version seront construits.



Le Super-Pershing et son canon T15E1 d'une longueur de... 70 calibres !
Mieux valait pour le pilote qu'il ait les dimensions du char bien en tête lors des manoeuvres en zones urbaines...




Déjà qu'en "version normale" le canon possède une longueur conséquente... 




2 Pershing seront touchés.
Un le 1er mars 1945 par 2 obus d'artillerie, mais il sera réparé.
Le second est frappé à 250m de distance par le 88mm d'un Nashorn  prés de Cologne, l'Etat-Major décide de ne pas le remettre en état (c'était à priori possible).

Au 1er juin 1945 ce sont 395 Pershing qui stationnent en Europe.

2212 M26 seront produits et resteront en service après-guerre en étant rétrogradés comme "chars moyens".



Le M26 sera mis en service dans les Forces Françaises d'occupation en Allemagne dès 1952 et ce jusqu'en 1955, époque où il était déjà totalement dépassé...
Le contingent qui nous fut alloué sera alors restitué aux Américains, s'agissant d'un prêt.



La guerre de Corée verra cet engin s'y illustrer brillamment, le conflit n'étant pas favorable aux grandes chevauchées blindées, son manque de vélocité ne sera donc pas un obstacle...  
Par contre son 90mm sera à l'origine de 50% des pertes en chars des troupes nord-coréennes.


Image typique de la guerre de Corée, avec ce M26 embusqué dans sa position creusée à l'avance.
Dans de telles conditions de combat le char faisait vite oublier son indigence mécanique au profit de la puissance de son 90mm.





Une version modifiée, avec un V12 Continental à essence de 810cv y fera son apparition.
Beaucoup de M26 seront transformés en atelier.

Tellement différent dans ses performances qu'il sera d'ailleurs renommé M46 "Patton".

Un des tous premiers M46, reconnaissable à son compartiment arrière rallongé et à la présence d'un petit galet de roulement supplémentaire.


Ce sera, avec la mise en service au fil du temps des M47, M48 et M60 du même nom, le début de l'écriture d'une autre grande page de l'histoire des blindés occidentaux, et l'objet de notre prochain dossier ! 


Un Pershing restauré : http://www.youtube.com/watch?v [...] re=related

Séquence de démarrage, le son du V8 en prime ; http://www.youtube.com/watch?v [...] re=related

Merci Jense.