Le nom d'un char a une signification

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Nous commencerons par l’Allemagne, dont la rigueur légendaire nous offre souvent les noms les moins romantiques possible. Prenons en exemple le VK4502(P).

1) VK : Vollketten Kraftfahrzeug

Littéralement cela signifie véhicule à moteur entièrement chenillé. Concrètement cela désigne un char prototype ou de pré-série dont le nom est encore à l'état de code. Le char gardera ce patronyme jusqu'à ça mise en production et son entrée en service. Un VK4502(P) est donc un char qui n'a jamais franchi le cap du développement.

2) 4502 : Ce code doit être lu en deux parties

D'un côté 45, qui indique le tonnage voulu (ou minimal) par le haut commandement. Ici il s'agit donc d'une demande pour un char d'au moins 45 tonnes. Le prototype faisait malgré tout 53 tonnes en version A (le tier 8 sur WoT) et 73 tonnes sur la version mini Maus (le tier 9 sur WoT).

Deuxième partie du code : 02. Il s'agit d'un identifiant, une sorte de repère quand à la version du char. Sur notre exemple, la version tier 8 est également doté du nom Ausf.A alors que la version tier 9 non. Cela signifie que le tier 8 était une variante de la variante. Une sorte de sous-famille du même prototype.

3) (P) : désigne le bureau d'études

Ici le (P) signifie Porsche. Ferdinand Porsche (celui qui fait les voitures, oui oui) est en effet le concepteur de ce char. Sous l’Allemagne nazie, trois grands bureaux travaillaient à la conception des chars et autres armes lourdes. Si (P) signifie Porsche, (H) signifie lui Henschel et (DB) désigne le bureau Daimler-Benz (Benz comme les voitures à l'étoile, oui oui).

NB : le VK4502(P) est donc un char prototype, d'au moins 45 tonnes, dans sa seconde version et est développé par Porsche.

Pour finir un char qui entrait en production recevait un nom opérationnel, associé à un félin ou un animal de façon récurrente. Le Tigre (pour tigre), Panther (pour panthère) ou encore le Maus (pour souris). Le Ferdinand (TD de tier 8 sur WoT) quand à lui était appelé l'éléphant.

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Passons désormais à la Russie. La mère patrie a longtemps utilisé plusieurs patronymes avant de standardiser son appellation. Deux grandes familles sont utilisées à l'époque qui intéresse World of Tanks :

1) KV : Kliment Voroshilov

Officier Russe, il fût aussi politicien et homme d'état. Il joua un rôle non négligeable dans la révolution et pris les rênes de Leningrad en 1917. Comme souvent dans l'état communiste, le nom de KV n’était pas vraiment utilisé sur les chars en tant qu'hommage mais plutôt comme moyen politique. Kliment Voroshilov avait lancé ces projets et les dirigeait de plus ou moins loin. Ceci lui permettait d'afficher son nom un peu partout dans le pays.

2) IS : Iosif Stalin

Devenant trop présent, et trop influent, Kliment Voroshilov tomba en disgrâce et dès lors il était capital de rebaptiser les nouvelles productions soviétiques. Josef stalin, dans sa grande bonté d’âme choisie de faire porter à ces véhicules son propre nom (Iosif Stalin dans le texte), soit IS.

NB : Les chiffres et lettres qui accompagnent les KV et IS désignent des variantes, des évolutions ou des sous-familles.

3) SU : Stalin Uralmash

Si la lettre "S" peut être interprété comme Stalin, le "U" désigne quant à lui l'usine de matériels lourds Urals Machine-Building Plant. Basées en Oural et en Sibérie ces usines ont été la clef dans les productions massives de véhicules blindés soviétiques. La production de masse était la spécialité locale, avec par exemple plus de 14 000 unités du SU-76 produit en moins de 3 ans. L'usine de l'Oural, Uralmash, est toujours en fonction.

4) ISU : Iosif Stalin Uralmash

Évolution politique, lorsque les SU furent basés sur les caisses des IS, le nom opérationnel arbora le "I" de Iosif. Jusque là les SU pouvait être basés sur des châssis de KV, d'IS, d'autres bureaux russes ou même des châssis occidentaux. A partir des ISU, tout est standardisé. Les ISU ont des châssis d'IS et l'usine produira toutes les marques de blindés russes sous l'ordonnancement soviétique.

NB : sur les SU et ISU, le nom opérationnel arbore un numéro. Ces numéros suivront l'évolution technique des chars. Ainsi un ISU est plus avancé technologiquement qu'un SU, de même qu'un SU-85 est plus avancé qu'un SU-76.

5) BT : Betka

Les Betka sont en fait des croisements. Souvent expérimentales et parfois expérimentés directement sur le terrain (méthode russe), les Betka sont souvent des greffons de technologies étrangères qui permettent aux ingénieurs soviétiques de rattraper les autres nations dans le domaine blindé. Ainsi des châssis français, britanniques ou américains reçoivent des suspensions Christie (USA) et d'autres composantes comme des radios prisent aux Japonais. Toute ou partie est donc une copie, le reste est une création originale. Avec des canons, des tourelles, des moteurs, des pièces mécaniques ou optiques de plus en plus conçus en Russie, les BT souvent trop fragiles, mal assemblés ou dépassés, seront rapidement remplacés par des modèles de nouvelle génération de conception intégralement soviétique.

6) T-34 : la standardisation

Si la plupart des chars arboraient un nom opérationnel à connotation politique, ceux-ci étaient difficilement exportables. Avec la standardisation des noms, sous la forme de "T" pour type ou modèle, et un chiffre désignant la variante (T-34, T-62) les chars deviennent apolitiques. Plus facile ainsi à exporter et à gérer en terme d'image, tous les chars recevront ce type de désignation après le conflit. Une lettre ou un complément de code vient se greffer à cette norme standard, afin d'affiner le tri entre familles, et versions.

NB : Un T-62A n'est pas un T-62M ni un Object 167 mais ils sont tous les trois basés sur le T-62 de première série.

7) Object XXX

Un Object (ou objekt), est un projet secret de développement militaire. Le numéro désigne le projet en question. Les numéros ne se suivent pas forcement car des projets de marine, d'aérospatial ou d'autres systèmes d'armes ont reçu ce type d'appellation à certaines étapes de leur développement. Les Object n'ont donc jamais connu le service actif sous la forme présentée sur WoT.

NB : Un char du service actif peut redevenir un Object dans le cadre d'un développement évolutif majeur. Par exemple le T-62 a connu 18 versions opérationnelles différentes puis est redevenu un Object 167 dans le cadre d'un projet de char polycarburants.

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La Chine reprend le nom de livraison des chars qu'elle achète. Ainsi le Renault FT, T-34 ou M5 conservent leurs appellations. Les noms des chars chinois sont rarement originaux reprenant l'échelles des chars Russe dont ils sont inspirés à la différence près que la lettre "T" est remplacée par "Type XX" dans la désignation opérationnelle (ex. : Type 88 reprise du T-80).

NB : Un T-XX est donc Russe, un Type XX est donc Chinois ou un modèle exporté (ex. : Type 69 en Irak).

Les chars plus travaillés, qui ont par exemple une modification structurelle importante (comme le glacis, l'angle, l’épaisseur ou la composition du blindage) sont eux présentés sous une dénomination WZ-XXX.

NB : Un char WZ-XXX bien "qu'inspiré de" peut avoir des capacités et des caractéristiques parfois très éloignées du modèle de base et représente un vrai travail d'ingénierie.

Par exemple un WZ-123 est un char de combat à blindage céramique mis au point par la Chine mais le WZ-123 est extrapolé du Type 99 un char de conception chinoise, lui même extrapolé du Type 98, cousin du T-72 Russe. Le WZ-123 reprend aussi des techniques russes vues sur les T-80 et T-90 (mécano-soudée avec chargement automatique intégré et équipage restreint à 3 personnes).

Concrètement sur WoT cela ce traduira par le WZ-121 qui est une production chinoise basée sur le Type 69. Donc l'aspect sera plus travaillé qu'un Type 59 mais dans son gabarit et dans ses capacités il en sera assez proche, le Type 69 étant un modèle plus imposant du Type 59.

NB : La Chine développe depuis les années 1990 de plus en plus de véhicules à sa propre initiative. Toutefois la zone chronologique choisie sur WoT explique la présence de beaucoup de véhicules importés dans l'arbre chinois.

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Les USA ont très rapidement standardisé leurs appellations. Ainsi un "T" indique un prototype. Le "M" quand à lui indique un modèle opérationnel. Ainsi un M103 a été utilisé par l'armée américaine, pas un T110.

Durant la seconde guerre mondiale les chars américains ont reçu des noms plus romantiques. Parfois en hommage (comme la famille de chars Patton) et parfois plus orientés vers la culture américaine comme le Hellcat, ou le Priest. Ceci est devenu une coutume et se poursuit avec le M1 Abrams.

Parfois ce nom de code comporte un complément. Par exemple un M6A2E1. Il faut décomposer ce nom en 2 principales parties.

1) M6A2

Ce groupe doit être à nouveau décomposé en deux sous-ensembles. D'un côté M6 pour châssis de modèle 6 et de l'autre A2 qui indique une variation technique du châssis M6. Cela peut être la suspension, la caisse, la tourelle, la transmission, ou plusieurs composantes à la fois.

2) E1

Ce groupe indique une variation dans l'armement. L'armement de ce M6 n'est pas son armement standard. Ainsi notre M6A2E1 est un char M6 qui a subit des modifications structurelles et dont l'armement a été remplacé.

NB : Toutes les composantes du char suivent ce schéma. Ainsi un M6A2E1 dispose d'une tourelle M6A2E1D4. Cette tourelle est la variante D4 d'un char M6 pour la variante A2 avec l'armement E1. Complément, ce char étant classé M pour modèle, c'est un char opérationnel.

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Si la France fait preuve de beaucoup de romantisme ou d'originalité pour baptiser certains matériels ce n'est pas vraiment le cas de ceux présent sur WoT. Dans leur grande majorité leurs noms indiquent le constructeur, le modèle, l'armement ou le tonnage. Exemple avec l'AMX 13 75.

Ce char est construit par AMX (ou plutôt le Giat, plus évocateurs même si ce nom apparait plus tard). Il s'agit d'un modèle 13. Son armement principal est de 75mm. Avec un grand esprit de déduction l'AMX 13 90 est donc le même châssis avec un canon de 90mm. Par la suite le char connait des variations non-présentes dans WoT comme l'AMX 13 Ambulance.

De façon plus originale des chars comme le Bat.Chatillion étaient destinés à tracter des chargements militaires ou sanitaires en zone de combat. La version WoT (tier 10 medium) est donc un char dont vous pouvez aller lire l'historique avec grande curiosité.

L'arbre français est aussi l’occasion de voir les chars à barillet, financés par les USA, destinés à équiper la France et la RFA. Abandonnés pour diverses raisons, l'AMX 50 120 présente lui aussi une historique cultivant bien que son nom soit assez peu vendeur.

NB : L'AMX 50 120 est donc construit par AMX (Giat sous sa forme embryonnaire), modèle de châssis 50, canon de 120mm.

Erratum par Tessen :

AMX = Ateliers de construction d'Issy-les-Moulineaux
APX = Ateliers de construction de Puteaux
ARL = Ateliers de construction de Rueil (fusion des deux ateliers ci-dessus : pour éviter la fuite de cerveaux après la guerre, les autorités française ont décidé le développement d'un char lourd : l'ARL 44 même si on savait déjà qu'il était obsolète (cf Wikipédia ARL44)
FCM = Société des Forges et Chantiers de la Méditerranée
FAMH = compagnie des forges et aciéries de la marine et d'Homécourt
SOMUA = Société d'Outillage Mécanique et d'Usinage d'Artillerie
Hotchkiss = constructeur automobile
Panhard = constructeur automobile
Renault = constructeur automobile

Erratum par Tessen :

Le GIAT était un regroupement de ces divers ateliers et n'existe plus sous ce nom. L'entreprise s'appelle désormais Nexter.

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Les Britanniques sont eux très différents de la France en terme de désignation sur la période qui intéresse WoT. On trouve de tout !
 
Des références historiques comme le Cromwell (Ministre de Henry VIII fondateur de l'église anglicane) ou le Black Prince (fils de Édouard III père de Richard II). Des hommages comme le Churchill, des noms plus exotiques comme le Comet. Il y a aussi des noms d'un charme exceptionnel comme le "A13 Mk. II Cr. Tank Mk. IV".
 
Ces noms se rattachent à une histoire fournie que nous devrions étudier au cas par cas. Dans ces conditions il nous est difficile de vous les présenter, ces noms nous font remonter au XIVème siècle pour certain (Black Prince, né le 15 Juin 1330). Nous vous recommandons donc une recherche documentaire sur chacun des noms qui vous interpelle sur l'arbre britannique.
 
NB : Le wikipédia anglophone est particulièrement fournit quand aux origines de ces noms, et présente souvent des sources fiables dans les références d'articles.
 
Article rédigé par Unavadi
Relecture par Fartha

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